L’essai de la Ducati Scrambler 1100 Sport
Hasard du calendrier (ou du planning à l’italienne chez Ducati), alors que je devais tester une nouvelle 1100 Scrambler standard, je me retrouve avec la version Sport. Autrement dit, la plus équipée et chère du nouveau bi-cylindre de la firme italienne. La promesse ? Un gros moteur et du fun. Mon essai n’est pas aussi tranché.
La plastique et la technique du 1100 Scrambler
Et bien justement du plastique, il n’y en que très peu. Il faut comprendre que la 1100 Scrambler est la grande soeur de la 800, on y retrouve les mêmes codes mais en mieux. Sur la petite, nous y retrouvions les éléments historiques de la marque et de son fameux 1962, date de sortie du 1er scrambler.
Sur ce modèle 1100cm3, la finition est en hausse et le plastique a quasiment entièrement disparu. A vrai dire, il ne reste que la boite à air, l’ossature de la selle, et quelques autre détails. Par contre, les roues, les carters moteurs, les silencieux, l’arrière du cadre, les supports de garde boue, les leviers, les plaquettes latérale sont en aluminium. Une vraie bonne nouvelle qui donne un aspect qualitatif immédiat et premium à la moto.
Sur la ligne globale, elle fait assez musculeuse et body buildée. D’autant plus sur ma version Sport est équipée en Full Ohlins avant et arrière et renforce le coté agressif. Les finitions au global sont très bonnes, les fils bien cachés et meme le radiateur est assez bien intégré.
Je me note cependant 2 bémols. Tout d’abord, pourquoi ils sont allés coller 2 bandes jaunes sur le reservoir et le garde boue. Ça n’a jamais été vraiment cool (a part sur une Dodge Viper) et surtout pourquoi la faire de couleur « jaune ligne de chantier ». C’est dommage, un peu de sobriété aurait la bienvenue. Par contre, les arrières des écopes de réservoir avec le liseré sont assez cool.
Autre chose, le refourguage des silencieux de Monster qui n’ont rien, mais rien du tout à voir avec l’esthétique et la philosophie d’un Scrambler. Heureusement des adaptables devront venir corriger et lui donner un look de …. Scrambler avec des pots superposés et non de chaque côté de la selle. On notera cependant à nouveau la très bonne finition des échappements avec la noblesse de matériaux utilisés.
Niveau technologie, ca ne rigole pas. L’accélérateur est en ride-by-wire, et 3 modes de conduite sont disponibles (Active, Journey et City) ayant une influence sur la puissance du moteur, le traction control et la réponse de la poignée de gaz.
Le gros plus, est l’ABS Bosch à détection d’inclinaison, normalement installé sur des roadsters dits sportifs.
La 1100 Scrambler sur la route
- La prise en main
La moto étant garée face au mur du parking de chez Ducati, je décide de la déplacer en la poussant. Etonnamment, on sait bien qu’il s’agit d’une « grosse moto » avec son poids et son rayon de braquage pas évident à manoeuvrer à l’arrêt. Peu importe, il est temps d’aller faire les premiers tours de roues.
Je m’installe à bord et alors que je m’attendais à une position plutôt droite, le guidon est orienté vers l’avant, laissant présager une position plus sportive. La selle est confortable et avec mon petit 1m74, mes 2 pieds touchent au sol en légère extension. C’est tout de meme rassurant pour les manoeuvres à basse vitesse.
Je remarque instantanément la selle large ainsi que le reservoir qui vient bien se caler entre les genoux. J’ai effectivement moins d’aisance sur les reservoirs étroits pour rouler à un rythme soutenu. Et il ne faut pas l’oublier, chez Ducati, le sport n’est jamais bien loin..
Le bloc instrument en LCD est plutôt bien fait et l’on voit sur la fenêtre principale la vitesse ainsi que le rapport engagé (pratique pour une lecture rapide). La fenêtre secondaire elle regroupe le compte tour, le niveau d’essence ainsi que le réglage de tout l’électronique de la moto.
Je tourne la clé, le moteur air-huile se réveille et l’échappement ronronne. Etonnant et plutôt agréable pour de l’origine. D’ailleurs, ce sera au 2eme feu rouge, à 200m de mon point de départ, alors que je mettais des coups de gaz (léger tout de même) pour entendre la sonorité, que mes yeux ont croisés ceux du conducteur d’un scénic de la Police, me faisant clairement comprendre, et pourtant sans rien dire, que si je démarrais trop fort il serait la pour moi.
Le programme du Week-end ? Aller chercher ma copine à la sortie de son travail en plein paris puis enchainer sur un roadtrip de 2 jours avec la team Epoca dans la Perche.
- Paris et son trafic
Rouler à paris en 2 roues est l’enfer. Mais par conséquent, c’est un peu le test ultime pour une moto. Du monde, des feus rouges tous les 100 m voir moins), la nécessité de se faufiler, pas d’air. On comprend pourquoi les scooters et les cylindrées légères ont la côte. A l’opposé donc de la 1100 Scrambler.
Les premiers tours de roues se passent plutôt bien. Grace notamment à un embrayage super souple, incitant aux changements de rapport sans modération. La position se révèle au final assez agréable et le poids de la moto disparait. Merci au grand guidon qui permet de la balancer et de braquer sans forcer. Je me note tout. de meme que le moteur a tendance a bien chauffer, ainsi que la ligne d’échappement… On ne se brule pas mais l’on sent la chaleur remonter, et quand il fait deja chaud, c’est pas super agréable.
J’arrive à son travail et elle s’assoit sur la petite place passager. C’est assez minimaliste mais reste confortable pour de petits trajets. Pour s’accrocher, il y a 2 encoches sous la selle qui passent à quelques cm des échappements. Gros gants en cuir obligatoire !
Meme sur les pavés parisiens, le combo Ohlins fait des merveilles. C’est souple et ils absorbent les irrégularités meme en duo. Je me souviens d’avoir essayé une Monster alors que j’étais jeune permis. Le coté On/off du moteur et des freins m’avaient fait changer de choix. Sur cette 1100, le moteur est là mais il permet d’enrouler assez facilement meme à bas régime. On sent la sauvagerie mais on peut le conduire sans brutalité.
En parlant de conduire, il est temps d’aller rejoindre mes camarades dans le Perche.
- A la campagne
Je me faufile sur le périphérique pour rejoindre la premiere porte venue et sortir de l’enfer parisien. Bien que le guidon soit large, il est à la bonne hauteur et ne vient pas cogner contre les rétroviseurs ( à l’inverse de la Triumph Street Scrambler où je le trouvais pile à la mauvaise hauteur). La route se dégage et c’est le moment de libérer un peu le moteur, le fameux bicylindre en V. 86 chevaux a 7500 tr/min et 88Nm de couple à 4750tr/min, ca doit causer.
Et effectivement, ca cause … et plutôt bien ! On retrouve des sensations qui avaient un peu disparu avec l’arrivée des normes anti pollution sur les moteurs récénts. Ce moteur est vivant, a du caractère et propulse la moto (et son pilote) à des vitesses élevées où seul la prise au vent et l’envie d’entendre le craquement des échappements fait ralentir !
Lié aux Ohlins, les grosses accélérations et freinages ne font pas trop modifier l’assiette de la moto, évitant d’avoir à jouer au pantin dessus.
Nous passons par la vallée de Chevreuse avec ses quelques portions à virages. Les Pirelli MT 60 RS de série ne sont pas les plus rassurants du monde mais on les oublie vite. En effet, le moteur bien plein meme à mi-regime permet de relancer la bête avec force avant le virage suivant. L’association du moteur avec cette partie cycle fait des miracles. Imaginez la puissance d’un gros bicylindre avec un amortisseur et une fourche qui absorbent tout et la plaque au sol.
Le combo idéal pour enrouler, sentir la puissance du moteur, prendre les freins, tourner et faire ca encore et encore. Meme les 206kg de la bête se font oublier sur les changements d’angle, elle n’est pas la plus vive mais ce n’est pas une enclume.
Et avec toute l’éléctronique embarquée, on se sent en sécurité.
Après plusieurs heures de route, la selle un peu large commence à « scier » la circulation sur le côté des jambes et je ne suis pas mécontent d’arriver. On profite de la route bien glissante et des chemins de traverse pour aller la tester dans les chemins.
Bon, de Scrambler, elle en a principalement le nom. Rien que la position debout sur les reposes pieds n’est pas agréable. Sur des micros passage en dehors du bitume ca peut le faire, mais n’imaginez pas traverser la France par les chemins.
Notre avis sur la Ducati 1100 Scrambler
On notera le bel effort de Ducati sur la finition globale de la moto. Peu ou presque plus de plastique, un ensemble bien fini et des matériaux valorisants.
A la conduite la 1100 Scrambler se révèle comme un gros jouet où on se laisse envouter par ce moteur air-huile qui fait des miracles et la partie cycle aux petits oignons par Ohlins. Que ce soit en ville ou en extra-urbain, elle peut jouer de souplesse (moteur, freinage et embrayage) que de brutalité, mais sans sauvagerie, dès que l’on décide de libérer la cavalerie.
Cependant, je trouve le partie pris « Scrambler » tant en terme de look (mon dieu ces échappements) un peu timide, que par ses capacités sur les petits chemins. J’aurais tellement aimé avoir un gros 1100 pour aller rigoler un peu en dehors des sentiers battus. Pour moi, cette moto est pour ceux venant du monde Monster et hesitant encore à plonger dans l’univers Neo-retro.
Je rappelle que ma version était la plus haut de gamme de chez Ducati et qu’elle sort a 14 990€. Pas donné donc, et quoi en penser face à une NineT Scrambler ou dans une autre mesure à une Triumph Street Scrambler.
De toute manière, les italiennes c’est au coup de coeur que l’on craque pour elles et leurs mauvais caractère. Un essai, si elle vous tente, sera donc indispensable.
Merci à Guillaume Ducasse, Cyril Casagrande et à Amaury Cibot pour les photos