Essai Triumph Tiger 900 2020 : Cap sur l’aventure !
Il y a des jours comme ca, vous ne savez pas pourquoi vous dites oui. Ce fut mon cas quand Triumph m’a proposé d’aller essayer leur nouveau modèle Trail, la Tiger 900. Une moto haut perchée ? Destinée à faire du Off Road ? Nous sommes bien loin de mes goûts habituels pour les café racers et autres préparations, aussi inconfortables que belles.
Comment ca, faire 300km et ne pas arriver plié en 2 par une partie cycle trop dure, et des courbatures dans la main gauche tellement l’embrayage est raide ?
Le challenge me tendait les bras. 2 journées de roulage, au Maroc, dont une 100% off-road…. Ce n’était pas le moment de faire sa mauviette. Triumph Tiger 900 j’arrive !
Pas 1, mais 5 nouvelles Tiger 900 !
Comme Triumph aime faire les choses simplement, ce n’est pas 1 seule et unique Tiger 900 qui arrive mais bien 5 modèles différents. La Tiger 900, la Tiger 900 GT, la Tiger 900 GT PRO, la Tiger 900 Rally, la Tiger 900 Rally PRO. Facile n’est ce pas ?
Je vais vous simplifier la lecture de cet article. Concentrons nous sur la RALLY PRO et la GT PRO. Pourquoi ? Car techniquement ce fut les 2 motos disponibles à l’essai. D’autre part la Tiger 900 ne sera que peu ou pas distribuée en France et surtout chez les clients Triumph ont prend du haut de gamme. A la vue du comparatif différence de prix / équipements, on comprend bien pourquoi ce sont les motos du haut du panier qui se vendent chez le constructeur de Hinckley.
2 motos et 2 philosophies différentes : Tiger 900 GT PRO et RALLY PRO
La journée commence à peine à Marrakech et le soleil se fait déjà sentir. Sans trop tarder, nous récupérons les clés de motos. Coup de chance, je tombe sur la GT Pro pour commencer.
Un coup d’oeil sur la ligne globale de la moto. Pour un trail, ce n’est pas si mal. La moto est fine bien qu’équipée de crash bar, la face avant reprend des signes des anciennes 800 et 1200 mais avec plus de delicatesse et d’agressivité. La ligne globale est bien dessinée, ce serait à se demander si ce n’est pas des italiens qui ont imaginés ce modèle…
Pas le temps de s’attarder, la chaleur grimpe et nous avons une longue route devant nous. Je tourne la clé, le grand écran TFT de 7’’ s’éclaire. Via le joystick sur le commodo gauche, je navigue entre les écrans et arrive sur les réglages de la suspension arrière. Oui car sur la GT pro, l’amortisseur arrière est piloté électroniquement, permettant de choisir entre plus de comfort ou de sportivité et de l’adapter au mieux suivant si vous êtes seul, ou avec un SDS (sac de sable) derrière vous ou encores des bagages. 4 modes pré-enregistrés et près de 9 réglages différents. Je me tourne vers normal/Sport sachant d’ores et déjà le rythme de cette journée.
Je saisis le levier d’embrayage, presse le démarreur, le trois cylindre anglais se reveille. Première surprise, la sonorité. Cette base 900Cm3 est une evolution des 800cm3. De nombreuses pièces viennent le modifier pour le rendre plus performant et avec plus de tractions (pour les détails, en fin d’article ou dans la vidéo). Toujours est il, qu’à l’oreille il est plutôt flatteur. Sur les Trails d’habitude, on se retrouve plus avec un son de machine à laver en cycle coton 40°, cette fois ci, il est plus profond, un peu plus caverneux et à même une point d’agressivité quand il monte dans les tours.
Je m’assois dessus. Bonne surprise, la hauteur de selle est modérée avec ses 810 à 830 mm. Pourquoi 2 valeurs ? Car sous la selle, via un ingénieux système de taquets vous pouvez l’abaisser en … 10 secondes. Même sur la valeur la plus haute, mes 2 pieds touchent au sol du haut de mes 1m74 (+ 2 cm avec les bottes 😀 ), pas totalement à plats, mais je dispose d’appuis solides si je dois manoeuvrer la moto assis dessus. Il existe meme une version « Low » permettant d’avoir une assise encore plus basse… interessant pour les plus petits gabarits d’entre nous.
Il est 9h15, c’est parti.
La TIGER 900 GTR PRO sur la route..(ou du moins ce qu’il en reste)
Histoire de commencer par le plus simple : Marrakech et sa circulation. On vient d’ailleurs mieux à comprendre l’expression « C’est le Souk ». Animaux, 2 roues hors d’ages, vieilles Mercedes, piétons et camions se lancent dans un ballet devant nos roues. Idéal pour prendre en main cette nouvelle moto.
Et à propos, le reservoir de 20L est fin au niveau de la selle, permettant de bien le serrer et associé au guidon large, d’avoir une moto super maniable même à basse vitesse.
D’ailleurs, je crois que c’était la volonté de Triumph (non, pas celle de vouloir slalomer sur des routes abimées entre mules et chèvres) mais d’orienter cette Tiger vers plus de facilité. Au total, c’est 5kg de gagnés sur la moto. Ca peut sembler peu mais c’est une somme (ou plutôt une soustraction d’ailleurs). La Tiger a été allégée de partout mais a reçu tellement d’équipements supplémentaires, qu’elle ne perd que 5kg sur la balance, emmenant cette GT Pro pile sous les 200kg (198 exactement) à sec.
Une autre source de gain de poids, en plus du moteur est le cadre. Acier à l’avant et aluminium à l’arrière. Qui plus est la boucle arrière est boulonnée, cela signifie qui si vous vous crashez et arrachez tout à l’arrière, vous pouvez uniquement remplacer cette partie. Plutôt bien pensé quand on veut pas mettre sa moto RSV…
9h45, les gouttes de sueur commencent à ruisseler dans mon dos, nous sortons enfin de la ville.
Braaaaaap, braaaaaaap, braaaaaapppppppppp je m’élance et pousse le moteur. Les 95ch libèrent la puissance de manière linéaire mais avec du caractère néanmoins. La sensation est vraiment plus d’avoir de la traction que de la puissance brutale. Pas plus mal pour un trail…. Sans parler de sentir comme si la main droite était reliée à la roue arrière. C’est extrêmement précis et dosable.
Arrivent les petites routes (est ce vraiment des routes d’ailleurs ?) de l’arrière pays Marocain en direction de Essaouira. Les virages serrés incitent à engager la moto dans les courbes, puis à rouvrir en grand derrière avant de serrer les freins. En parlant de ca, l’électronique fait à nouveau merveille. Le Traction control vous garde sur la route en accélération, et l’ABS couplé aux Brembo Stylema vous empêche de finir tout droit sur les gros freinages.
Ajoutez à ceci un moteur super souple (il reprend en 6ème à 50km/h sans broncher) et le shifter up and down de série et vous vous retrouvez à balancer la moto de gauche à droite, le sourire aux lèvres en vous demandant si vous avez bien fait de prendre ce jus d’orange qui semblait coupé à l’eau….
Le soleil cogne de plus en plus fort et nous nous arrêtons régulièrement pour boire d’un trait une bouteille d’eau. La moto quand à elle est plutôt économe. Il faudra attendre précisément 339km pour que mon moteur coupe à 200m de la station service, n’ayant plus une goutte dans le reservoir de 20L…
La journée se termine, il va falloir être sage car demain c’est off-road…
La Tiger 900 Rally PRO à l’attaque !
La dernière fois que j’ai fait de l’enduro, je me suis cassé les 2 bras… en une seule fois… et les semaines suivantes ont été bien difficiles… Autant vous dire qu’emmener cette moto immaculée, pesant 200kg, dans les caillasses et le sable… j’étais ravi 🙂
En toute modestie je me place dans le groupe « Beginner » ou les nuls si on préfère… Pour attaquer au mieux cette journée, les Tiger Rally pro ont été équipées de pneus à crampons (Pirelli Scorpion). Interdiction de partir sur un des modes moteur de base, il faudra choisir le OFF ROAD Pro. Ce dernier est dédié à la Rallye Pro et vient en complément des classiques Road / Rain / Sport / Rider / Off Road équipant déjà la GT PRO.
Maintenant que tout est déconnecté, il va falloir appel au talent pour s’en sortir.
Nous sortons de l’hotel, un petit bout de route me permet de tester cette version de la Tiger. Plus haut perchée, à l’arret je la tiens du bout des orteils. En roulant comme son débattement est plus important (240mm contre 180mm de la GT Pro), elle a tendance à plonger un peu de l’avant sur les freinages appuyés. Sur des sessions courtes, ca va, mais si vous roulez 8h énervés, il ne faudra pas etre sensible au mal de mer.
Nous sortons de la route, et entrons dans le dur IMMEDIATEMENT
Vous voyez une dune ? Oui bon. Vous voyez une dune où deja 100 mecs à motos sont passés ? Oui. Et bah voila.
Dans ces cas là, il vaut mieux faire profil bas (et passer en dernier comme ca, on vous voit moins…). Le premier du groupe s’élance, il plante la roue avant en haut de la dune et finit par terre. Le 2nd ? Idem. Le 3ème, lui nous gratifie d’une magnifique chorégraphie enchainant pas de bourrés avant roulade avant.
C’est mon tour. Le soleil tape fort et je transpire deja pas mal (ou est ce le stress ?). Je m’élance « ah oui il est super mou ce sable », j’essaie de trouver une trace « je ne maitrise plus rien ca y est », arrive la montée « bon dans la doute, on met gaz et on verra », la moto patine « mais elle va y aller oui ? Ah oui elle y va », j’arrive en haut « Miracle ! » et boum… l’avant se dérobe, je passe par dessus et reviens à la dure réalité de mon triste niveau d’off road. Pieds dans le sable, en plein soleil, avec un intégral et une moto tous pleins faits…. Mon égo prend le dessus et en 2 tours de reins, la remet sur ses roues. Elle démarre et je m’en vais écouter les railleries des collègues.
Comment ca ? On doit y retourner pour les photos et vidéos ? Bis repetita, le premier s’écrase, le second ne sort pas au bon endroit et viens mon tour. Je vous laisse juger de la performance à 16:53 mn dans la vidéo…
Après avoir bu 1L5 d’eau, il est temps de passer à la partie « roulante ».
Oliviers, petites maisons de pierres, chemins étroits, sable, terre et grosse caillasses au programme de l’après midi.
Debout sur les reposes pieds, la moto est étroite au niveau des genoux, aussi bien le reservoir que la selle, permettant de lui laisser du mouvement et de bien repartir son poids dessus. La puissance a la poignée de gaz est très bien dosée permettant d’avoir réellement la sensation de finesse et dosage dans le poignet droit.
Juste suffisant pour relancer en sortie de courbe et faire des virgules avec la roue arrière driftant. C’est étonnant d’ailleurs comment cette moto vous met en confiance. On sent qu’elle bouge, on sent qu’elle vit, mais le train avant apporte un très bon feeling, permettant de la diriger où se porte votre regard, de s’amuser à la faire glisser sans ressentir de danger.
La grande roue avant en 21’’ passe au dessus de tout, et avec le shifter vous avez un contrôle du guidon en toute circonstance.
Au fur et à mesure que ma tenue s’imprègne de poussière et sable, mon sourire grandit.
Alors que je ne suis pas forcément habitué de cet univers, ces Tiger 900 ont su me surprendre.
Les fiches Techniques
Mon avis sur les Tiger 900 2020
La Gt Pro ? Idéale pour de l’urbain et partir de temps à autre en roadtrip, que ce soit seul ou avec la moto chargée, (et de préférence rester au maximum sur la route)
La Rallye Pro ? Un peu plus haute pour rouler en ville, il faudra faire environ 1m80 pour se sentir à l’aise dans les manoeuvres à l’arrêt. Par contre, pour l’aventure choisissez celle ci. Trajets routiers avec confort mais surtout de vrais capacités pour sortir des sentiers battus et se sentir quelques heures / jours / mois l’âme d’un aventurier.
Oui cette Tiger est la définition de la moto d’Aventure. Chemins roulants et sols pas trop meubles seront idéales pour elle. Et avec en plus, la possibilité de partir avec pas mal de bagages…
Je suis parti avec appréhension et méfiance. Je reviens avec l’envie de parcourir le monde. Bien joué Triumph !
La Tiger 900 de base est proposée à 11.800 € et la Tiger 900 Rallye à 14.200 €, 15.800 € pour la Tiger 900 Rallye Pro et 15.200 € pour la GT Pro.
Plus d’infos sur les motos : SITE TRIUMPH
Mon équipement Aventure
Casque : Shoei Hornet ADV
Veste : Fuel Rally Raid – Chaude dans les sessions physiques sous le soleil Marocain mais superbe fabrication et conception
Pantalon : Uglybros Feather bed Kevlar. Confortable et protecteur comme d’habitude
Gants : Fuel Dune. Pattes de serrage un peu longue mais parfait pour le feeling et la chaleur
Bottes : Stylmartin Continental. Bon confort et protection
Notre avis sur la Triumph Tiger 900 2020
- Le nouveau moteur
- Le look de la Rally Pro
- La POLYVALENCE
- La selle (trop) haute de la Rally Pro
- L'effet cheval à bascule en conduite sportive sur route de la Rally Pro