Essai Scrambler Ducati Cafe Racer : Café au lait ?
Impossible de commencer cet article sans faire un jeu de mot bancal…Maintenant que la chose est faite, nous allons pouvoir revenir sur notre essai de la toute nouvelle Scrambler Ducati Cafe Racer.
2 jours en Italie, à Bologne, à quelques encablures de l’usine et musée Ducati, où lifestyle, pizzas et roulages ont rythmés notre quotidien.
Un Scrambler / Café racer ?
Oui dit comme cela, ca peut sembler bizarre … Un Scrambler / Café racer, ce n’est pas un peu antinomique ? Si typiquement ! Sauf que Ducati, habitué a construire d’excellentes et magnifiques motos aux caractères disons… Sportifs (aaaah la Panigale love love love) a regroupé sous son entité « Scrambler » sa nouvelle gamme de motos aux looks plus classiques et néo-rétros.
Oublions donc la dénomination de type, pour n’y voir que la marque et tout semble plus cohérent.
Rappelons que toute cette gamme se décline d’un modèle de base : la Scrambler Ducati Icon que nous avions essayé ici. S’en suit une série de modèles aux looks variés ( La Full Throttle, la Sixty2 en 400cm3, la disparition de la Urban Enduro au profit de la Desert Sled et la Cafe Racer variante – ou nouvelle moto ? – de la Classic)
Qu’à donc ce nouveau modèle à nous proposer ?
Tout d’abord un look, et je dirais même un sacré look ! Le choix d’une robe Black & Gold lui confère sobriété et élégance. Les puristes y retrouveront des similitudes avec la 900SS Desmo.
Ajoutez-y les éléments suivants et vous obtenez un Café Racer compact et ma foi, fort agréable à l’oeil :
– Une paire de bracelets, 175mm plus bas que le guidon de l’Icon pour une nouvelle position de conduite
– Un gros et beau maitre cylindre radial
– Une nouvelle fourche
– Une monte de pneus sportifs, les Pirelli Diablo Rosso II (120/70 et 180/55 !! ) dans de magnifiques jantes gold à batons
– Un échappement anodisé noir Termignoni
– Une selle racer avec capot de selle
– Et une plaque latérale avec le numéro 54
54 ? Pourquoi 54 ? Petit moment culture motocycliste à ressortir devant vos amis :
Le numéro 54 appartenait à Bruno Spaggiari. Un grand champion roulant en Ducati. En 1968, Spaggiari courrait à la MotoTemporada Romagnala, une course sur route de l’époque,sur sa Ducati, avec moteur dérivé du 350cc mono cylindre du scrambler. Son saut au GP de Cesenatico est devenu une des photos les plus connues de la moto.
Si un de vos amis, vous dit « Oui mais Spaggiari, moi je sais, c’était pas le 54, c’était le 9 ». Il n’a pas tout à fait tort. En effet, lors de certains courses, il ne pouvait prendre le 54 et donc additionnait le 5+4 qui donnait le …. 9 !
Au final le look de cette moto est très réussi, malgré quelques éléments en plastique (garde boues, les clignos aie aie aie et certains caches notamment). On aime son côté trapu et élégant. L’ADN sportif de Ducati ressort également dans les lignes et l’esthétique globale.
Coté moteur et chassis, ce sera aucune modification. Pour le « Café » on valide, mais au niveau du « Racer », qu’a donc à nous faire vivre cette moto ?
Le roulage de la Scrambler Ducati Cafe Racer
J’ai mal dormi. Sans doute l’excitation à l’idée de conduire cette nouvelle moto, en me rémémorant l’essai de l’Icon qui m’avait enchanté par son côté joueur, ou alors à cause des pizzas (je n’aurais pas du me reservir 2 fois) de la Scrambler Food Factory. Oui car Ducati a ouvert à Bologne, ce restaurant, sorte de temple Deus Ex Machin-esque à la gloire de la Scrambler au coeur de la ville. Si vous passez dans ce coin de l’Italie, allez y faire un tour. Sans doute un peu trop de Marketing, mais l’atmosphère y est cool et détendue, et l’on s’y sent bien entre préparations, baristas et plateaux de charcuterie italienne.
Premiers tours de roues pour sortir de la ville embouteillée.
Ducati sait construire des motos légères et la Cafe Racer ne déroge pas à la régle. Avec ses petits 188kg tous pleins faits (!!), elle se manie du bout des doigts et se faufile aisément entre les voitures. Les bracelets étant dans un angle assez ouvert, la position est naturelle sans etre trop en appui sur les poignets. Pour ceux qui suivent, depuis ma fracture du poignet l’hiver dernier, je suis assez sensible sur ce sujet et les positions hyper sportives ne sont ni ma tasse de thé ni l’idéal sur une moto à l’usage quotidien.
Avec mes 1m74, je suis parfaitement à l’aise et mes 2 pieds reposent au sol. Les plus grands gabarits du groupe ne s’y sentent pas disproportionnés, cependant, je pense qu’au delà de 1m90 vous risquez de faire un peu « crapaud »..
Le programme de la journée se verra varié et chargé. Nous enchainerons entre courtes portions rapides et routes de montagne joueuses.
Sur voie d’insertion, nous ouvrons en grand et la Ducati s’élance aisément grâce à ses 75ch. La boite, douce, nous permet d’enchainer les rapports, le Termignoni (homologué et de série) se fait entendre dès 5000 tours pour la caler paisiblement à 130 km/h (voire un peu plus 😉 ). Je ne suis pas sur que durant 8h de route l’on ne souffre pas de l’absence de protection mais il faut bien reconnaitre qu’à ce rythme, rien n’est à souligner sur la position qui permet de cruiser sans se soucier d’une prise au vent trop importante.
On regrette le compteur qui fournit uniquement le minimum d’informations (par exemple, pas d’indicateur de vitesse enclenchée) et placé assez bas, obligeant à baisser franchement la tête pour le consulter.
Puis vient la partie amusante. Les petites routes sinueuses de l’arrière pays italien.
L’ouvreur nous donne le tempo et la Ducati Cafe Racer se jette aisément de gauche à droite. Les trajectoires s’enchainent, le frein mordant, progressif et au bon feeling rassure avant les entrées en virage. Ajoutez à ceci les excellents Pirelli et vous voila collé à la route, le sourire au lèvres, à profiter du paysage et balancer la moto.
Le moteur hyper souple, permet de ne pas jouer de trop avec la boite de vitesse, et reprend même très bas.
Nous faisons des arrêts, notamment pour les photos, et bizarrement sur la mienne le témoin de neutre n’apparait pas à chaque fois… Je suis le seul à avoir eu ce cas. Chat noir ?
Le comfort de la selle est bon sur les petits trajets, et après 2h de route, l’arrêt était le bienvenue pour se dégourdir les jambes et marcher quelques pas.
Puis vient ce moment. Vous voyez celui dont je parle ? Celui où les essayeurs/pilotes, à 3 de front, derrière l’ouvreur, et à moins de 20cm les uns de autres, diront « ah bon t’attaquais toi ? », du joe bar team dans la gouaille et l’attitude.
En effet le rythme s’accélère au fur et à mesure des virages, et également de la qualité du revêtement qui se détériore. Nous enchainons sur routes étroites, aux raccords de bitumes, trous et bosses omniprésents.
Sur ce genre de terrain et à ces vitesses, la Cafe Racer va atteindre quelques limites. Les suspensions un peu trop souples et le manque de rigidité du chassis (initialement conçu pour un scrambler rappelons le) perd en précision et en rigueur. Sans pour jamais etre dangereux ou surprenant, la moto va « pomper » en courbe.
Je vous rassure, dans ce genre de conditions, votre principal soucis sera avant tout de conserver votre permis…
Le soleil étant de la partie (et avec 25° et ouais ! 🙂 ), nous roulons et roulons jusqu’au retour sur Bologne. La circulation se densifie et nous devons finir les derniers kms en interfiles. Le gabarit de la moto et sa maniabilité font des merveilles et est donc bien adaptée à un usage urbain. Attention cependant à la ligne passant non loin de votre jambe, qui associée au moteur, vous donnera chaud lorsque vous serez bloqué dans le traffic.
Notre bilan : Ce Scrambler Ducati, un véritable Café Racer ?
Comme précisé précédemment, en terme de look, et tous les essayeurs étaient unanimes, on ne peut qu’accrocher. Les codes d’un café racer moderne sont bien présents, avec le charme du design italien. Petits coups de coeur pour les jantes gold avec notamment le gros pneu de 180 à l’arrière, sa robe hyper classe, le pot Termignoni et les détails assez cools du style « Born Free 1962 » sur la trappe de reservoir.
En dynamique, cette moto, et son poids magique, remplit son job, rassure, se conduit aisément, la boite, le moteur et les freins sont efficaces, et sans doute le principal, procure du plaisir !
Par contre, à rythme très soutenu, elle va manquer « un peu ». Un peu de puissance, un peu de rigueur, un peu de rigidité. Forcément, la base étant faite pour un conduite plus cool va rencontrer ses limites.
C’est pourquoi, je serais plutôt d’avis de la nommer « Café Racée » plutôt que Racer. Cette moto se destine avant tout pour ceux qui vont craquer pour son look et qui souhaite une moto orientée Cafe Racer mid-size légère, facile à conduire et polyvalente.
Proposée à 11 290 €, soit la fourchette haute de ce créneau, et est déjà disponible en concession.
Tous les détails techniques ici : Scrambler Ducati
La video de présentation bien rock !
Bon la course contre la Porsche … Voila quoi 🙂
Mon équipement lors de l’essai :
Casque Roughcraft
Veste Wrenchmonkees
Gants Roars Original
Chaussures RedWings Beckman
Sac Nixon