ESSAI : La nouvelle Aprilia 660 Tuareg, plus chère mais mieux que la Yamaha T7 ?
Pour ce test de la toute nouvelle Aprilia 660 Tuareg, j’ai décidé d’envoyer un conducteur de trails aguerri pour aller la rouler. Qui de mieux que Maurice, et ses grandes jambes, pour bien tenir assis sur la nouvelle moto Trail de chez Aprilia et la tester aussi bien sur les chemins que sur le bitume.
« Ayant un atelier de réparation et d’entretien de motos anciennes (www.Mauricegarage.com), organisant des courses de vieux trails des années 80, je suis très attentif aux rééditions des motos pionnières dans leur genre.
Aprilia est une marque qui m’a personnellement fait énormément rêver avec le 2-temps. Leurs trails 125 a multi reservoir des années 80, liquides, 6 vitesses, hautes, aux allures des elefants, je suis fan. 2 temps pour la vie.
Avec le temps j’ai appris à apprécier les 4 temps, et tout particulièrement les vieux trails. Enfant du cross aussi, j’apprécie tellement de rouler dans Paris avec des vieux mono. Grimper les hauts trottoirs de la Porte Maillot, puis remonter en trombe les pavés de la grande armée, attaquant l’étoile sans regarder à gauche, des gros freinages de l’arrière, une selle moelleuse et confortable. La vie d’un bobo parisien que je suis qui roule en Ténéré à paris.
J’aime aussi le trail en ville.
Je roule tous les jours sur une Ténéré 600 que j’apprécie profondément pour ce qu’elle est, un vieux trail pas très farouche, qui s’époumone sans râler, agile sans être trop énervée, diablement confortable, tellement agréable a rouler.
Alors quand John m’a proposé d’aller essayer cette renaissance en Sardaigne, j’ai fait mine de consulter mon agenda, de réfléchir pour accepter fermement.
Une moto récente.. ahhhhh..
Pour quelqu’un qui roule en ancienne tous les jours, monter sur une moto récente est un véritable plaisir. Vous imaginez? des clignotants qui fonctionnent, une moto qui démarre sans broncher, jour et nuit, froid ou chaud, à l’Est ou dans le Nord, un éclairage efficace, et un ABS, je peux aller mourir tranquille.
(Je vous rappelle qu’on rentre d’un périple de 2000km que j’ai personnellement fait avec une jawa 350 de 1950, bi-cylindre 2 temps, moderne pour son temps, et son temps c’était il y a longtemps, très longtemps.)
Bref. Je suis invité par Aprilia pour aller rouler en Sardaigne.
Aprilia Tuareg 660 : quoi de neuf ?
Valises faites, je monte dans l’avion et pars.
Je me dis que c’est la première fois que je suis invité par une marque à essayer un de leur modèle et j’avoue que j’y prends un pied phénoménal, la vie est belle, quel plaisir!
Lorsque je lis les détails de la fiche technique de la 660 Tuareg dans l’avion comme un bon élève, je me rends compte que les promesses sont alléchantes.
- Une moto bien suspendue par un ensemble Kayaba de 240mm de débattement avant et arrière.
- Montée d’origine en pirelli scorpion réputés pour leur compétences sur route et terre
- Un grand écran LCD couleur complet
- Une bardée d’électronique (ABS, traction control, frein moteur réglables, 4 mode de pilotage)
- Un Cruise control (je suis fan)
- Un bloc moteur provenant de la tuono complètement revu (9* d’inclinaison en arrière, arbres à cames revus pour augmenter le temps de croisement d’ouverture et fermeture soupapes d’admission et d’echappement, 1ère vitesse plus courte, ainsi que la 6ème, pipes d’admissions plus longues, passant de 100 à 80 chevaux pour s’adapter à « l’enduro »)
- Une hauteur de selle « convenable » pour les petits gabarits (860mm de hauteur de selle)
Je suis encore dans l’avion et ces caractéristiques m’excitent déjà!
De loin j’ai l’impression que je vais m’assoir sur une moto souple et bien équipée, confortable en terme de taille et puissante pour la route, adaptée au long trajets et agile sur la terre.
J’attends clairement demain avec impatience.
Je suis très aimablement accueilli par les autres journalistes français de tous les magazines et site orientés moto.
Le statut « d’instagrameuse » est assez compliqué finalement. Incompris sûrement. Je ne me sens pas non plus complètement légitime face à piliers du journalisme.
Je me balade en parlant à mon téléphone et racontant que j’ai peur de l’avion. Je peux comprendre que cela soit déroutant, mais je m’amuse bien et franchement, pour moi, c’est le principal.
L’essai sur route de la Tuareg 660
Le lendemain matin nous voilà finalement devant une rangée de moto presque neuves. D’autres groupes de journalistes les ont rayées avant nous. 800km au compteur. Neuves, mais pas neuves. Suffisamment neuves pour le remarquer d’entrée mais on sent quand même que les prédécesseurs se sont fait plaisir.
J’ai l’impression de sortir de la concession avec une moto que je viens d’acheter, ça me fait plaisir, ca ne m’est jamais arrivé!
Je m’assieds dessus pour la première fois! La moto est confortable! Les commandes tombent parfaitement dans les mains.
Elles sont uniquement équipées de l’option shifter parmi la palanquée d’options disponibles.
Je tourne la clé, « be a racer » s’affiche sur l’écran.
C’est parti pour le choix des modes de pilotage. 4 choix :
- off-road, abs désactivé a l’arrière et d’une pression de doigt supplémentaire a l’avant. Aucune autre aide.
- Explore, abs. traction control et frein moteur adaptatif et réglables.
- Urban, full aide
- Individual, full personnalisable.
Les 70 premiers km de route sinueuses en mode explorer sont agréables. Je n’ai pas pris le temps de créer mon mode individual et d’entrer dans les réglages.
J’avoue que je suis pas trop du genre à prendre 30 min pour régler tout ce fatras mais je sais que j’ai des potes qui pourraient facilement y passer la nuit pour avoir LE réglage qui les satisfera le mieux.
Bref, perso je met la clé et je roule, j’aime pas attendre, j’aime pas qu’on m’attende.
Alors même si l’ordinateur de bord peut se montrer complet vis à vis des plus compliqués d’entre nous, il peut tout à fait permettre en une pression de bouton de changer de mode et de désactiver l’ABS a la volée pour les gens qui n’en ont que trop faire comme moi.
Et c’est parti pour la première impression!
Je suis frappé par la souplesse du premier mètre! L’embrayage est souple, la première bien étagée, et le moteur me surprend tant il est à l’aise dans les bas régîmes. Je m’arrête complètement et refais un départ en insistant sur les bas régîmes, pareil, souple simple.
On attaque les premiers kilomètres. J’essaye de jouer avec les différents modes sans trop être impressionné. Peut être qu’avec le temps je sentirais la différence des ajustements mais pour l’instant ça casse pas la baraque.
La souplesse du moteur m’impressionne franchement. Sur la plage des 30km/h à 90km/h, seule la 4ème peut être utilisée.
80 chevaux c’est déjà pas mal. La moto s’exprime vraiment a 6500 tr/min pour s’époumoner a 10 000. La boîte à air est sous le guidon et dès qu’on dépasse les 6000, le bruit rauque du moteur s’entend magnifiquement bien. Pas trop, pas pas assez, juste parfait. (Cf le bruit de l’aspiration de l’admission pour ceux qui savent)
La puissance est calfeutrée de 0 a 6000. C’est bien, puissant, largement suffisant, mais pas violent.
On sent que le moteur en a sous le coude mais que les cartographies ont été faite pour calmer la bête et la rendre plus facile à utiliser en trail.
Passé 6000 ça devient un jeu, le moteur hurle de plaisir, sans aucun bruit mécanique. C’est bien fait.
Une touchette des freins et la moto s’arrête, l’ABS est intelligent et bien conçu.
Et sur terre, ca dit quoi ?
Puis vient ce que j’attendais vraiment. La terre! Disons que je suis moins mauvais sur terre que sur route. Les journalistes avec qui je suis ont tous un niveau de pilotage spectaculaire alors je suis content d’être plus à mon aise, enfin. Il faut les voir faire des kilomètres de roue arrière sur les routes sinueuses et humides de la Sardaigne.
Sans même poser le pied par terre on switch de mode, tout est désactivé, il suffit d’une pression sur un bouton du commodo droit pour voir le petit « off-road » apparaître, puis une pression à gauche pour couper l’ABS sur la roue avant (déjà désactivé sur l’arrière)
Ahhhh quel plaisir. La moto se montre hyper a l’aise. Les genoux trouvent leur place pour attraper un bout de selle qui ne glisse pas et bien tenir la moto. La position debout est naturelle. J’ai le dos fragile pourtant j’en ai redemandé. Penché en avant, la moto se met très facilement en glisse. Il pleut, on roule sur de la rocaille boueuse et les pneus font bien leur taff. Elle est sécurisante, et prévoyante.
J’ai essayé de mettre le mode explore qui ne m’a pas servi à grand chose, je dois reconnaître que je cherchais plus à glisser qu’à être contrôlé et maîtrisé.
Je suis un peu déçu par le manque de couple à bas régime en réponse de coup de poignée franc. Les chevaux se font parfois un peu attendre et arrivent un peu trop en trombe à 6000tr/mn, résultant en grosse glissades du pneu arrière pile après le moment qu’on visait. Sûrement une question d’habitude. Un coup de pied sur le sélecteur et l’affaire est faite. Le shifter c’est vraiment de la triche.
Le châssis est sain, tout tient bien en place, pas de vibrations parasites, souplesses et facilité de pilotage sont vraiment au rendez vous.
Malgré l’ergonomie du poste de pilotage très bien pensée, le bouton d’appel de phare sert aussi d’interrupteur de plein phare et j’ai mis par inadvertance deux fois les pleins feux sans m’en rendre compte. Voilà peut être une critique que j’ai à faire. Le châssis est complètement soudé pour une meilleure rigidité. Cela coûtera sûrement cher en cas de roue arrière ratée.
BILAN sur l’Aprilia Tuareg 660
La question que je me suis posé à la fin de cet essai est bien évidement : est ce que les 2000€ de plus valent l’achat d’une Tuareg par rapport à une Yamaha T7 ?
La Tuareg à trois gros avantages par rapport à la T7: la finition, le shifter et le Cruise control (+ aide électronique au pilotage)
La finition de la T7 est à l’image de son ADN, simple. Des problèmes assez handicapant et d’évidence (comme la place de la pompe à eau, l’effet charcuterie du pot d’échappement sur le bras oscillant après une chute, le carter d’embrayage gênant la jambe droite) entaches quelque peu la T7 sans en empêcher les ventes hallucinantes.
Dépourvue de shifter et de Cruise control, les longs trajets sont moins simple qu’avec la Tuareg. J’ai même entendu un journaliste étranger dire « T7 cheap bike ».
Les puissances moteur son sensiblement les mêmes. Cependant celui de la T7 est plus bourrin, plus on/off. Il peut être désagréable en ville à basse vitesse, mais s’avère appréciable et joueur en hors piste.
En résumé je dirais que la Tuareg est finalement tres différente de la T7. Plus complète, mieux finie (on notera la qualité de la housse de selle qui rappelle presque celles des premières africa twin ou XLM), mieux pensée, mieux équipée, plus basse, plus confortable, sabot en aluminium (versus plastique T7). MAIS elle manque de rusticité dans les bas régîmes et ça c’est vraiment dommage.
Est ce que cette Tuareg vaut les 2000€+ de différence, je suis vraiment pas loin de dire que oui, à voir le prix des options dont celui du shifter.
Elle est proposée au prix de 11999 euros pour la version de base et 12699 euros pour la version tricolore.
Notre test de la Tuareg 660
- Le look !
- La facilité de prise en main
- Bien équipée
- Moteur accessible meme en chemins
- Shifter pas de serie...
- Du coup, un peu chère !
- Manque un peu de puissance en bas regime en off road