J’ai testé le Dirt Track !
C’est au détour de la soirée d’inauguration du Royal Racer à Rennes que j’ai appris la nouvelle : Marco Belli (400 courses, 150 podium, 3 pikes Peak), le pape Italien du Dirt Track, organisait pour la première fois une session en France.
Ni une ni deux, après une dizaine de mails, un désistement de dernière minute, 320€ (quand même !), mon inscription était validée. A moi s’ouvrait les portes du dirtrack (flat track pour les ricains), de la glisse et du pouvoir indescriptible de faire jalouser les potes !
Comble du bonheur, le pack « Full Experience » comprenait le prêt de la moto, une SR 400 flat track Deus Ex Machina ! Non négligeable quand on a pas envie de plier la sienne.
Arrivée sur place.
Nous sommes une petite douzaine. De 20 a plus de 70 ans, du motard full cuir en street triple au suisse déjanté qui fait des wheelings en continue sur le parking en Piwi en passant par la Bultaco en état collection. Ca se regarde de loin, ça se dit « il a l’air chaud lui ! » puis Marco Belli prends la parole.
1ère phrase «Ne vous inquiétez pas pour les motos, si vous tombez, elles sont faites pour ca. Vous cassez un levier, et alors ? je le prends, je le signe et vous repartez rouler ! ».
Il n’en fallait pas plus pour détendre l’assemblée, attentive aux moindre conseil du professionnel.
La journée sera organisée en 2 parties. Le matin, exercices pratiques et l’après midi, on lâche les fauves.
Après quelques conseils sur la position à adapter ( assis quasi sur le réservoir pour ancrer la roue avant et les coudes bien levés pour pouvoir mettre gaz à fond), nous enfourchons les SR400, aux gros pneus en 19″, jusqu’à la piste.
Bien qu’elles soient équipées de frein avant, l’interdiction est formelle d’y toucher.
Frein avant = Gamelle avec les dents dans le guidon ! La leçon est retenue.
Divisés en 2 groupes, nous entamons le premier exercice : prise en main de la moto et appréhension du terrain. Un slalom entre des cônes suivi d’un demi tour (à gauche bien évidemment) avec le premier « posage » de pied.
On reconnait les enduristes ayant tendance à relever la pointe du pied, non ici c’est à plat qu’il faut le mettre !
« Marco nous encourage individuellement, nous corrige puis les sensations commencent à venir »
Alors que sur les premiers tours, les gaz sont remis progressivement en sortie de virage, c’est sur le conseil court mais efficace « GAAAAAAAAAAAAZZZZ !!! » que la roue arrière sur l’angle commence à glisser.
Les habitués de la route serrent les miches, les pratiquants d’off-road jubilent !
Il fait chaud, la concentration est à son maximum et les pauses permettent de voir les sourires sur tous les visages.
Les exercices s’enchainent, la gestion du poids, de la position et des gazs devient de plus en plus complexe. Après le « Donut » sur place en RESTANT assis sur la selle, nous devons sur une 20 aine de mètres : accélérer à fond, bloquer le frein arrière, mettre la moto en travers (toujours avec la roue bloquée), puis re-accelerer en grand pour la faire glisser et recommencer.
Comment vous dire… Pas évident ! Les motos commencent à valdinguer et les pilotes avec. Peu importe, il en faut plus pour nous décourager ! Et puis ça tombe bien la pause dej arrive.
Certains s’enfilent des ballons de rouge pour se donner du coeur à l’ouvrage, d’autres debriefent pour bien choper le « truc ». Repas vite englouti, nous retournons sur la piste prêt à en découdre.
Le temps de remettre mes bottes, un groupe de 6 a déjà enfourché les SR. Le départ se fait toutes les 3 secondes. Vu la longueur de la piste, au bout d’un tour, le peloton est groupé et ça commence à se chamailler.
4ème virage, une entrée (beaucoup trop) optimiste assure une magnifique glisse mais aussi une chute mémorable. Ca calme tout le monde. Il reste au sol. Les pronostics vont bon train : poignet cassé, KO ?
Après les mots, voici ses derniers instants encore debout … Notez la position de la moto hyper droite, qui va l’envoyer valdinguer dans le décor.
Heureusement, quelques minutes plus tard, il se relève. Verdict : Souffle coupé avec le guidon dans les cotes. Coup de bol pour cette fois.
A mon tour, Marco nous conseille de rester en 3ème sur toute la piste, largement suffisant pour accélérer comme un âne en sortie de virage et de jouer sur le couple moteur pour la mettre en glisse en entrée.
La tension monte et c’est parti, BANZAI !!
1ère, 2nde, 3ème, ça y est, je touche plus à l’embrayage et le premier virage arrive déjà. Je me rappelle les instructions, la position, le poids, les bras et ça passe.
Alors que je rattrape celui devant moi, nous nous faisons tous les 2 faire l’intérieur par un 3eme.
Comment ça ???
Le couteau entre les dents, une course poursuite s’enchaine. Ca tente de faire les extérieurs, les intérieurs, ça joue des coudes (car oui nous sommes près), puis finalement un autre en profite pour s’immiscer et au passage touche la roue avant d’un autre pilote.
Reaction immédiate à la manière d’un cartoon : perte de trajectoire, percussion du mur extérieur, moto par terre, pilote par dessus le muret.
Un de moins !
Déjà une dizaine de tours effectués, on nous fait signe de s’arrêter.
En buvant de l’eau fraiche revigorante, Marco nous prodigue ses conseils. Clairement on est mauvais en trajectoire, voire très mauvais. On regarde le schéma, puis notre tour de retourner sur piste revient.
Cette fois ci, sur sa Yamaha bien préparée, il nous accompagne. Par je ne sais quel hasard, il est juste devant moi. Au diable la prudence, je lui fais l’intérieur, à la limite du highside, la roue arrière dérape de trop puis agrippe à nouveau, je suis devant et encore assis sur le SR ! BOUM !
Certains mauvaises langues diront qu’il était en train de remettre ses gants. Bien qu’ils n’aient pas totalement tord, j’aime me dire que je l’ai doublé à la loyale.
De toute manière, sa réponse ne se fera pas attendre. 20 m plus loin, il me fait un intérieur magistral tout en glisse, tout en se payant le luxe de tourner la tête à 180° pour me narguer. Ah ces italiens toujours dans la surenchère 🙂
Nous continuons à notre petit niveau à enchainer les dizaines de tour et la journée s’achève.
Rincés mais heureux, nous nous voyons remettre le diplôme Di Traverso. Marco signe les leviers, nous trinquons, et chacun rentre chez lui en ne pensant plus qu’à une seule chose : préparer sa moto de Dirt Track !
Bonus video : Attention à la limite !
Verdict :
Exceptionnel !
Il faut le reconnaitre, les sensations de glisse (tellement misérables face à ceux des pros) sont indescriptibles. Ce flottement est intemporel et terriblement addictif.
Allié à une piste courte, à la bagarre avec les autres, à cette perpétuelle recherche de la limite, le mélange est délicieux.
Croyez moi, nous ne sommes, par exemple, pas comme sur un sprint avec sa décharge d’adrénaline rapide, où le combat est avant tout entre soi et sa machine. Ici du moment où vous montez dessus jusqu’à l’arrêt, les éléments extérieurs (dégradation de la piste au fur et à mesure des tours, la trajectoire, les concurrents, la poussière etc..) ne sont pas là pour vous aider mais c’est du bonheur pur.
Forcément, la question sur toutes les lèvres (où tous les claviers): Quand a lieu la prochaine session ?
Et bien, pas facile à dire. Il s’agissait d’un coup d’essai pour Di Traverso en France. Visiblement, ils ont été convaincus et devraient revenir prochainement.
Attention, ce sera toujours avec peu de places ! Soyez rapides !
Pour ceux qui se veulent laisser tenter, Vintage Racing spirit organise une journée de roulage sur la meme piste de Macon. Pas de conseils, ni de leçons, mais la possibilité d’aller router et tester le dirt Track avec sa moto. Rendez vous le 4 juin !