Guide : Comment choisir un beau cuir ? Partie 1
Le cuir peut bien sauver votre peau ! Indispensable accessoire de la garde-robe motocycliste, nous connaissons tous un pote s’étant vanté de remercier son cuir sans lequel il ressemblerait à une pizza Pepperoni. Cependant, avant de craquer pour la « bonne affaire » du cuir proposé à seulement 299 € au lieu de 1600 par le petit Pakistanais du forum des Halles, il est judicieux de savoir ce qui fait un bon d’un mauvais cuir.
Comprenons-nous : le but n’est pas de vous faire une liste exhaustive de tous les cuirs et toutes ses typicités mais plutôt de découvrir le procédé de fabrication, les différents niveaux de qualité et surtout de mieux comprendre pourquoi certains cuirs sont vendus à 150 € et d’autres à 1500 € !
Avant d’être sur vos épaules, le cuir c’est avant tout un animal ! Chacun ayant des caractéristiques propres et plus au moins adaptées à un usage motocycliste.
Les différentes peaux
- L’agneau : le plus connu et très souvent le plus prisé. Parfait avant tout pour parader dans les belles avenues, c’est une peau fine et souple, à l’aspect très doux. De nombreux gants sont faits à partir de ce cuir.
- Le veau : dans le même style que l’agneau, il sera également souple mais plus résistant. La différence se jouera notamment sur son aspect légèrement plus rugueux. On en trouve énormément dans les accessoires de type chaussures, portefeuilles, sacs…
- Le mouton : principalement utilisé retourné pour conserver sa laine (on appelle ça un Shearling), il est par conséquent très chaud. Si la laine est enlevée et que l’on ne conserve que la peau, il se rapproche de l’agneau avec l’avantage d’être tout aussi fin mais bien plus résistant.
- La chèvre : également résistant et fin, il constitue principalement les gros sacs robustes ou encore quelques accessoires.
- La vachette : sans doute le cuir le plus utilisé pour les vestes motos. Il est issu d’un bovin adulte (vache, bœuf, et pas seulement de la petite vachette d’Intervilles). Il va être solide, résistant à l’abrasion, plus rigide que du veau mais moins lisse et doux au toucher.
- Le buffle : pas d’illusions sur celui-ci, ce sera rigide et très robuste ! Par contre ce cuir sera beaucoup plus rare pour des vestes, car difficile à travailler pour des coupes près du corps.
- Le cheval : assez emblématique avec notamment la marque AeroLeather. Il est très épais mais de bonne qualité, il doit rester souple notamment au niveau des bras pour la moto. Il a un grain très fin.
- Le porc : la peau la plus accessible en termes de prix et qui a l’avantage d’être épaisse et résistante. Elle est souvent utilisée pour les blousons chauds car elle conserve très bien la chaleur et permet d’apposer des doublures épaisses. Par contre, elle est souvent de moindre qualité.
- Les espèces sauvages et rares : ici on parle de Crocodile, de Python, de Pécari, de Galuchat (la raie), de Tilapia, et de toute autre espèce animale rare dans nos contrées. Forcément ces cuirs seront principalement montés sur des pièces très chères. Attention cependant à l’éthique ! (On en parle juste après).
- Pour les illuminés (ou précurseurs) : sachez qu’il existe maintenant du cuir du poisson ou encore du cuir d’ananas. Leurs capacités respectives sont encore assez floues mais à ne pas oublier pour l’avenir.
Le travail du cuir
Une fois la peau récupérée, il faut la travailler pour qu’elle devienne à proprement parler « un cuir ». Et c’est à ce moment-là que la distinction apparait entre les différentes qualités :
- Le pleine fleur : c’est la crème de la peau. Cela signifie que l’intégralité des couches de la peau a été conservée. Cette technique traduit généralement un cuir de meilleure qualité.
- Le fleur : la même chose mais avec la couche supérieure supprimée, par conséquent d’un peu moins bonne qualité.
- La croute de cuir : le nom annonce la couleur. Seules les couches inférieures sont conservées, bien que solides, ce sont aussi les moins belles. Attention, la croute de cuir est parfois « imprimée » pour imiter un pleine fleur…
Une fois ce choix fait, la peau doit passer par 2 étapes avant de devenir un cuir. La première est appelée le travail de rivière, un lavage pour lui retirer ses derniers résidus. Vient ensuite l’étape indispensable du tannage.
Le Tannage du cuir
Il en existe 2 types :
Le tannage minéral ou chimique : sorte d’immense doigt d’honneur à la Nature et aux peuples le pratiquant et vivant dans les parages (ce sont très souvent des enfants qui barbotent dedans). Il se fait avec des substances chimiques : sels d’aluminium, Chrome 6, sels d’alun, … C’est efficace et peu coûteux mais ravageur pour la santé et la Nature.
Le tannage végétal : forcément plus long (et donc plus coûteux), il est également utilisé pour les cuirs de très haute qualité, car il offre un rendu plus naturel. Autre point positif, le vieillissement de votre cuir n’en sera que plus beau.
Normalement, une fois cette étape passée, votre cuir est « figé ». Il peut éventuellement y avoir un re-tannage pour apporter une dernière correction à la peau.
Avant de la couper et de passer à la confection, vient l’étape du finissage pour lui donner sa couleur, sa souplesse et sa texture.
Une règle d’or : une belle peau n’a pas besoin de subir de nombreux traitements !
Le finissage et les différents traitements du cuir
Le cuir plongé également appelé « Aniline » : ce sont les plus belles peaux sans imperfections qui ont droit à ce traitement. Le cuir est plongé dans un bain pour le teinter dans la masse. Aucune protection n’y est ajoutée. Sans conteste, le cuir le plus doux mais aussi très fragile et cher. Il résiste notamment très mal à l’eau.
La prochaine fois que vous irez chez un revendeur d’équipement moto et qu’il vous parlera d’Aniline, vous pourrez lui demander : « pourquoi ? » car dans l’idée ce n’est pas le cuir idéal pour de la moto (fragile et ne supportant pas la pluie…). Appliquer un traitement dessus pour le protéger serait un peu le « gâcher » …
Sachez que l’on peut tolérer une fine couche de protection de l’ordre de 0,005mm à 0,015mm et toujours le nommer « Aniline »
La fleur corrigée ou semi-aniline : C’est une peau affichant initialement des imperfections et dont sa couche superficielle est poncée pour les effacer. Par conséquent, et comparé à un Aniline, il sera un peu moins beau. Également teinté, il est ensuite recouvert d’une fine couche translucide pour sa protection.
Le cuir foulonné / grainée : quand une peau est belle et que son grain est régulier, un procédé à base de vapeur va permettre d’accentuer sa texture.
Le cuir pigmenté : alors là, on lui applique une voire plusieurs couches de colorants opaques pour cacher ses souvent nombreuses imperfections, c’est donc dédié aux peaux les moins belles en général. L’avantage est qu’il est plus résistant, plus homogène et plus hydrophobe mais il prend en contrepartie un aspect bien moins naturel. Si vous avez déjà vu un gars avec un cuir aux aspects « glacés », c’est un pigmenté de basse qualité !
Le nubuck : la couche supérieur (la fleur donc !) est légèrement poncée pour lui donner cet aspect.
Les peaux lainées : étant donné que l’intérêt est de conserver la fourrure, ces peaux sautent les étapes de tannage, de finitions. Par conséquent, elles seront moins fragiles et laisseront un agréable touché velours.
2 visuels très interessants !
L’éthique du cuir
Sachez qu’étant issu d’un animal, le cuir nécessite forcément le décès de la bête. Sans rentrer dans des discours politiques, il convient de savoir au mieux d’où provient votre produit. Si en Europe, principalement en France ou encore en Italie, l’animal a été (plus ou moins) bien traité, c’est un peu flou pour les cuirs exotiques que ce soit sur l’acquisition des peaux (chasse, braconnage, etc..) que sur les méthodes d’abattage. Ne parlons pas les produits bas de gammes issus du Bangladesh. Et quand les traçages sont flous, c’est que ce n’est pas forcément très reluisant. Libre à vous ensuite de faire votre choix.
Voici donc un certain nombre d’informations à digérer. Cependant rappelez-vous les essentiels : une belle peau n’a besoin que de peu de traitements, essayez de déterminer l’origine de la peau, comment a-t-elle été tannée, quel traitement de finition lui a été appliqué…
Le prochain article sur le sujet ? Maintenant que la base théorique est posée, est-ce-que ce cuir devant vous vaut vraiment 600 € ? Les différentes étapes pour se faire son avis !
En attendant, allez feuilleter les différents articles que l’on a écrits sur les cuirs.
Merci a Hugo B. pour la relecture !