Dans la roue de … Charles Seguy
Et l’on continue nos portraits des différentes acteurs de la scène moto française et internationale. Cette fois-ci c’est le photographe Charles Seguy que nous avons interrogé. Ce nom vous l’avez deja surement vu sur pas mal des photos 4H10 🙂
- C’est quoi ton blaze ? Pourquoi Charlie Photo?
Hey ! Je m’appelle Charles Seguy et c’est moi qui me cache derrière le pseudo Charlie Photo. Je suis photographe freelance depuis 2012, spécialisé dans le reportage dédié à l’univers de la moto ancienne (et surtout des artisans qui la font vivre).
J’ai choisi le nom “Charlie Photo” sur un coup de tête. J’voulais pas utiliser mon nom propre quand j’ai démarré la photo et puisque pas mal de gens m’appellent Charlie, bah… tadaaamm !
- Comment ta passion du deux roues a commencé ?
Un de mes premiers souvenirs marquant de moto c’était le 1200 V-Max. C’était l’été et je devais avoir 8 ans. Un ami de mes parents en avait acheté un à sa sortie. Je l’ai tellement saoulé qu’il a fini par accepter de m’emmener faire un tour. Il me colle donc un bol beaucoup trop grand sur la tête et me pose sur la selle passager. Les premières minutes sont parfaites. Je roucoule, je frime, je profite de la vie façon Billy The Kid, tu vois le genre. Et puis on arrive à un feu rouge, qui ouvre sur un grand boulevard roulant. Je m’imprègne du son de ce fameux V4, je continue à me la jouer l’air de rien, à vérifier que tous les passants me regardent bien, et je fais pas gaffe au feu qui passe au vert. Ni à mon chauffeur dont le cerveau vient de faire court-circuit et qui colle la poignée dans le coin sans prévenir ! Ensuite faut s’imaginer la scène. Un fondu qui part pleine balle en ville au guidon du dragster de l’époque. Un gamin à l’arrière qui tente de se raccrocher à tout ce qui lui tombe sous la main, avec son bol qui flotte au vent uniquement retenu par la jugulaire. Une grosse décharge d’adrénaline et un slip propre plus tard, j’avais contracté le virus de la moto… Pour de bon.
- Quand as-tu commencé dans la photographie ?
J’ai commencé en juin 2012. Par un heureux hasard. Pour mes 25 piges, mes potes m’ont offert un reflex numérique (un Nikon D3100). J’y connaissais pas grand chose en photo mais ça m’a plu. J’ai ouvert un compte Flickr et au fil du temps je me suis amélioré. En septembre 2012, je postulais librement chez deux magazines de motos anciennes et en octobre je signais mon premier reportage pour RAD Motorcycles Magazine et une séries de portraits pour le site ouèb de Café Racer Magazine.
- Qu’est-ce qui t’a donné envie de te mettre à la photographie ?
En 2012, je venais de quitter mon job d’ingénieur du son (saoulé par cette profession complètement sinistrée) et je bossais comme technicien audiovisuel chez BFMTV/RMC. J’avais un job bien payé mais usant. La photo est arrivée comme un échapatoire. Une manière de retrouver la créativité que j’avais quand je faisais du sounddesign dans mon homestudio. Et puis la photo a commencé à prendre de plus en plus de place dans ma vie. J’avais des petits contrats, j’étais régulièrement publié et je pouvais me payer mon matos. Alors en 2015, j’ai sauté le pas. J’ai tout lâché et je suis devenu photographe à plein temps.
- Comment as-tu passé le capte de passion à professionnalisation ?
Déjà j’ai pas mal réfléchi. Peser le pour et le contre. A l’époque, j’avais déjà une fille et le numéro deux allait bientôt se pointer. Mais ma femme croyait en moi, et j’étais cerné par des crétins chez BFMTV/RMC. Du coup, je me suis jeté à l’eau. Début 2015, j’ai établi un plan d’attaque et je m’y suis tenu. Depuis, j’ai bu la tasse souvent mais je tiens bon et je ne lâche rien.
- Tu viens d’où ? Tu résides où (une adresse exacte pour tes impayés) ?
Depuis un an j’habite dans le Morbihan, en Bretagne. Ras-le-bol de Paris, j’ai fui avec ma petite famille et c’est un des choix les plus judicieux que jai fait dans ma courte vie. Franchement, pourquoi on reste vivre sur Paris ?
- Qui sont essentiellement tes clients des préparateurs / des particuliers ?
Jusqu’en janvier dernier, mon principal client c’était RAD Motorcycles Magazine. Une aventure humaine extraordinaire qui s’est achevé brutalement. En 5 ans, ce magazine passionné m’a beaucoup appris. J’y ai gagné quelques vrais amis. Les trop rares personnes qui lisaient ce bimensuel l’adoraient et savent de quoi je parle. Depuis je continue à bosser pour des magazines (principalement étrangers) et pour quelques marques. J’ai gardé ce besoin de proposer des reportages qui ne traitent pas du côté mainstream de la moto. Je cherche des amateurs aux doigts d’or, des professionnels peu connus, ou des marques passionnées avec de vrais projets.
- Tu roules avec quoi ?
Je viens de revendre ma vieille Yamaha 600XTE. Vraiment trop un tréteau ce truc ! Au moins aussi merdique que le 500 CX de Romain de Bascher. Maintenant je roule surtout avec “la moto des autres”. C’est parfait comme ça ! Quand je serai enfin riche, je me paierai mon Ural.
- Quel a été ton meilleur voyage à moto ? Où aimerais-tu aller ?
Comme souvent, mon meilleur voyage moto fut mon premier. Avec des amis et de la famille, à la découverte de la Lozère. Au guidon de ma première moto, une GSE500, je goûtais aux joies de la liberté à deux roues, des suées dans le blouson en cuir et des grosses pluies d’été. Humm…
- Ton événement de moto préféré ?
De loin le Cosmic Nozems Motorshow, organisé par mon pote Steven Decaluwe aka MotoMan (le tôlier de MotoKouture pour les incultes). Ce doux dingue a créé l’évènement moto le plus branque que je connaisse. C’est également un type en or qui vit à fond sa passion de la moto et de la déconne. Un grand monsieur.
- Quelle est ta vision de la scène custom actuelle ?
Quand je suis arrivé dans le milieu en 2012, cette scène commençait à franchement émerger. Blitz était à son apogée et on les prenait encore (presque) au sérieux. Les blogs tels que 4H10 prenaient de l’ampleur et en kiosque on découvrait le premier numéro de Moto Heroes et de RAD. Depuis, ce milieu a beaucoup gagné en visibilité. De plus en plus d’acteurs, de garages, de blogs, de marques se sont engoufrés dans le créneau. Aujourd’hui, on peut dire qu’il y a à boire et à manger et le passionné comme le dandy peuvent y trouver leur compte. Même si c’est surtout le dandy qui intéresse les marques et les magazines, hélas. D’un autre côté, je pense qu’il est de plus en plus difficile d’être un préparateur sérieux. Tous les garages sont obligés de faire beaucoup de concessions, de réduire un max leurs marges et de ne compter que trop peu leurs heures de travail. Le marché se tend mais je pense que la scène moto vintagecustomlifestaïle a encore de belles heures à vivre.
- Quelle est ta chanson préférée sur ta bécane ?
J’écoute jamais de musique quand je roule à moto. Je déteste ça. Mais si je devais choisir un titre qui colle parfaitement à un roadtrip moto, je dirai “The Pusherman” de Steppenwolf.
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